Poussé par sa peur de la magie noire, l’ex-Président gambien avait coutume de s’en prendre aux femmes soupçonnées (sans preuves) de la pratiquer. Une expo-photo revient aujourd’hui sur ces répressions irrationnelles et misogynes. 

Eviter que l’Histoire ne se reproduise passe souvent par un traitement de choc des consciences. C’est ce que l’exposition « We are not done » souhaite réaliser, via une série de portraits au passé tragique. Disposés au Memory House, un musée construit à l’extérieur de Banjul, les clichés relatent un autre aspect de la dictature de Jammeh, plus ésotérique celui-là.

Menée durant sept ans, la chasse aux sorcières édictée par l’ancien chef d’Etat, aura fait de nombreuses victimes. Des femmes pour la plupart, accusées à tort de s’adonner aux pratiques occultes. Violences, emprisonnements, disparitions, meurtres (…), l’obsession du dictateur a inspiré la terreur dans les contrées les plus reculées du pays. Souvent basées sur des rumeurs ou des délations calomnieuses, ces accusations à l’encontre des personnes ouvraient la porte à toutes sortes d’abus.

Suite au décès de l’une de ses tantes dans des circonstances mystérieuses, Yahya Jammeh s’était mis en tête « d’éradiquer » quelque chose d’intangible. Une abstraction qui prenait selon lui, l’aspect de femmes âgées vivant seules, de jeunes filles portant des signes « distinctifs », mais surtout de malheureuses coïncidences. « Les inculpées » étaient généralement transférées dans des centres secrets, où torturées à outrance, elles se trouvaient obligées de reconnaître des crimes fantasmés par le régime.

Fondé par la cinéaste Nana-Jo Ndow, le Memory House Museum a voulu mettre en lumière onze visages accompagnés de récits. L’initiatrice du projet, dont le père a été assassiné à l’époque, a souhaité rendre justice à ces destins brisés.  Gravant les mémoires, les photos prises dans une simplicité crue, vont enfin lever le voile sur un grand tabou…